Zimbabwe
Global DNA Zimbabwe a annoncé dans H-Metro du 24 mai 2018 que 70% de ses tests ADN montrent que le père officiel n'est pas le père biologique. Ils affirment réaliser 50 à 60 tests par mois, avec des résultats identiques au niveau national (centres de tests dans tout le pays), et assez stables tout au long de l'année1 (orange si infidélité) :
On ne peut savoir quelle est la validité de ces chiffres et de toute façon le fort biais d'échantillon (tout le monde ne vient pas faire un test de paternité) implique que ces résultats ne sont pas reportables à l'ensemble de la population. Mais les explications données par Global DNA Zimbabwe à H-Metro dévoilent quand même un point essentiel :
"La principale raison pour laquelle les femmes ne disent pas la vérité est qu’elles sont incapables de prendre soin de leur enfant et qu’en fin de compte, elles ne recherchent pas le père biologique de l’enfant, mais un homme potentiellement capable de s’en occuper, quelqu'un qui est financièrement stable, dirige son entreprise ou gagne suffisamment. Les femmes utilisent généralement cela comme une menace. Si vous ne prenez pas soin de cet enfant, je le dirai à votre femme ou vous exposerai.
Il y a d'autres cas qui prévalent, des cas d'inceste qui auraient eu lieu et la mère va garder cet enfant et blâmer un étranger avec qui elle a eu un rapport sexuel pour protéger l'inceste avec un parent proche."
Global DNA Zimbabwe (24 mai 2018)2
C'est la très forte promiscuité généralisée au Zimbabwe qui permet aux femmes de distinguer le rôle fournisseur de gènes du rôle fournisseur de ressources des hommes (conception vs investissement paternel).
Les pères secondaires
Il s'agit là d'une stratégie des femmes (une forme de polyandrie3) qui se retrouve dans d'autres cultures, et qui est efficace quand il y a manque de ressources matérielles ou sociales, comme expliqué par Dave C. Geary dans Hommes, Femmes :
"Sous certaines conditions, avoir plusieurs partenaires permet à la femme d'accroître le support social et matériel des enfants (Buss, 1994). L'exemple le plus clair est trouvé chez les Aches, où les enfants dont le père est mort ou a quitté le groupe sont souvent tués par les autres membres. Pour apparemment contrer ce risque, les femmes Aches auront souvent des relations sexuelles avec plusieurs hommes. En d'autres termes, avoir plusieurs partenaires semble être une stratégie ayant pour but de laisser un flou sur la paternité, comme cela apparaît être le cas chez d'autres espèces de primates où l'infanticide est un risque (Hrdy, 1979, 1997). Tout homme avec qui la femme a eu des rapports sexuels juste avant ou pendant la grossesse est appelé un père secondaire. Hill et Hurtado (1996) ont trouvé que le taux de mortalité des enfants ayant un père secondaire est d'environ la moitié de celui des enfants n'en ayant pas, ou au contraire en ayant plus qu'un – il semble que quand leur paternité est trop incertaine, les hommes ne protègent pas les enfants. La relative promiscuité des femmes Aches apparaît ainsi être au moins en partie une stratégie sociale visant à engager les hommes à protéger les enfants dans un environnement social dangereux (voir aussi Smuts, 1985, 1995).
Quand la plupart des hommes ne peut apporter les ressources matérielles ou sociales suffisantes pour entretenir une famille, beaucoup de femmes adopteront une stratégie de relations à court terme avec plusieurs de ces hommes, chacun d'entre eux amenant un type d'investissement (ex. : argent ou soin des enfants) pendant la durée de la relation (Buss & Schmitt, 1993 ; Campbell 1995). Fondamentalement ces femmes pratiquent la polyandrie. En reprenant une étude conduite dans la République Dominicaine, Lancaster (1989) a remarqué que, comparativement aux femmes monogames mariées à des hommes à bas revenu, les femmes qui avaient rejeté les hommes de la maison et entretenaient de multiples relations étaient plus fécondes, avaient des enfants en meilleure santé avec moins d'accidents pré ou post-natals, étaient capables d'élever plus d'enfants au-delà de 5 ans, avaient des enfants mieux nourris (en taux de protéine par tête), et étaient plus ajustées psychologiquement (comme le montraient à la fois leurs réponses aux questionnaires et leurs plus faibles taux de pression sanguine) (pp. 68-69)"
Geary, 2003, pp 164-165
Occident
En France les tests de paternité sont interdits "pour le bien de l'enfant"4. Aux USA aussi les féministes avaient eu la même exigence afin de pouvoir désigner n'importe quel homme comme père, avec toutes les contraintes financières qui en découlent, sans que celui-ci puisse s'en défendre (ça n'a marché qu'un temps).
Mais dans les Etats Providence occidentaux les hommes ont été largement déchargés de leur rôle de pourvoyeur de ressources, aussi les femmes n'ont normalement plus à rechercher un homme pour assurer la survie et la réussite de leurs enfants (bien sûr ça peut quand même aider). Par exemple Aziz et al. (2013) ont trouvé en Nouvelle Zélande que les femmes sont nettes bénéficiaires (ie : elles reçoivent plus qu'elles ne paient) tandis que les hommes sont net payeurs des impôts-taxes-contributions-etc. qui se dévoilent ainsi comme un transfert financier des hommes vers les femmes5 :
La recherche de pères secondaires ne semble donc pas expliquer l'infidélité féminine en Occident6. Pourtant, même si les chiffres ne sont pas connus, celle-ci apparaît forte et est valorisée, surtout dans les milieux sociaux élevés.
Une partie de l'explication est que ce moins grand besoin des hommes peut aussi provoquer une plus grande promiscuité. C'est ce qu'avait signalé la Brève du 15 janvier 2018 "Les femmes sont plus infidèles que les hommes... quand elles sont jeunes" : le remplacement de l'homme par l'Etat provoque une baisse du coût de l'infidélité chez les femmes et une hausse du même coût chez les hommes (avec comme conséquence une évolution vers le "sexodus" de ces derniers). Par exemple, Baumeister & Vohs (2004) avaient noté que les femmes ont théoriquement intérêt à restreindre l'accès au sexe pour augmenter leur valeur dans l'échange sexe-ressources (exactement comme le fait le cartel OPEP pour augmenter le prix du pétrole7), et trouvé qu'en pratique ce sont bien les femmes qui cherchent le plus à restreindre la sexualité féminine. Et Price et al. (2014) ont trouvé aux USA que les réactions féminines à la promiscuité dépendaient de leur indépendance économique perçue.
La courbe en U
La promiscuité apparaît ainsi liée à l'indépendance économique des femmes selon une courbe en U8 :
- Les femmes les plus pauvres ont intérêt à avoir des amants pour s'assurer le soutien de pères de substitution ou secondaires
- Les femmes indépendantes économiquement n'ont pas à payer le coût des infidélités et peuvent donc pratiquer la promiscuité
Celles qui se positionnent entre les deux sont celles qui ont le plus intérêt à être fidéles, et à chercher à restreindre la sexualité des autres femmes (ce qui explique en partie le féminisme dit "de 3e génération").
Bien sûr, l'indépendance économique n'est pas le seul facteur ayant une influence sur le taux d'infidélité et on peut notamment remarquer que la beauté a le même genre d'effet : le coût de l'infidélité est plus grand pour celles qui sont moyennes que pour celles qui sont plus belles, ou celles qui le sont moins.
Références
Aziz, O., Gemmell, N., & Laws, A. (2013). The Distribution of Income and Fiscal Incidence by Age and Gender : Some Evidence from New Zealand Chair in Public Finance. Working Papers in Public Finance. SSRN : 2375926
Baumeister, R. F., & Vohs, K. D. (2004). Sexual Economics: Sex as Female Resource for Social Exchange in Heterosexual Interactions. Personality and Social Psychology Review, 8(4), 339–363. doi:10.1207/s15327957pspr0804_2
Geary, D. C. (2003). Hommes, femmes : L'évolution des différences sexuelles humaines. (P. Gouillou, Trans.) (p. 481). Bruxelles: De Boeck Université.
Price, M. E., Pound, N., & Scott, I. M. (2014). Female economic dependence and the morality of promiscuity. Archives of Sexual Behavior, 43(7), 1289–1301. doi:10.1007/s10508-014-0320-4
Liens
70% NOT FATHERS. H-Metro. 24 Mai, 2018
Global DNA Zimbabwe : Facebook (Annonce de l'article H-Metro) - LinkedIn
Evopsy :
- A quoi sert le sexe ? A transmettre les gènes du microbiome.... Philippe Gouillou. Evopsy. 30 Décembre 2013 (MàJ 15 nov. 2017 - 30 avr. 2018 - 6 sept. 2018)
- Les femmes sont plus infidèles que les hommes ... quand elles sont jeunes. Philippe Gouillou. Evopsy. 15 janvier 2018
Evoweb :
- Le père, c'est celui qui paie. Philippe Gouillou. Evoweb. 16 février 2004 - 09:32
- Le vrai marché de la pauvreté. Gouillou, Philippe. Evoweb. Dimanche 14 février 2016
- Des femmes, des putes et des sexbots. Gouillou, Philippe. Evoweb. 8 avril 2016
Neuromonaco :
- Lettre Neuromonaco 82: Femmes et Luxe (et diamants). Philippe Gouillou. Neuromonaco. 16 Septembre 2013
Historique des modifications
Date | Description |
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6 mars 2023 | Correction lien |
29 mars 2022 | Correction lien |
17 mars 2019 | 1ère Mise en ligne |
Notes
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Sauf aux mois de janvier (correspondant à une fécondation en avril), même si Février 2018 vient rééquilibrer Janvier 2018 (ce n'est pas le cas en 2017) ↩
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Traduction depuis :
"The main reason why women are not truthful is because of their inability to take care of the child and at the end of the day they don’t look for the biological father of the child but a man who is potentially able to care of the child, someone who is financially stable, runs his business or earns enough. Women usually use that as a threat, if you don’t take care of this child, I will tell your wife or expose you.
There are other cases which are prevalent, the cases of incest which would have taken place and the mother will keep that child and blame an outsider whom she once had intercourse with to protect incest with a close relative."
Global DNA Zimbabwe (24 mai 2018) -
Une forme de polygamie : une femme pour plusieurs hommes (soit l'opposé de la polygynie). ↩
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Une femme m'a répété-expliqué-répété encore et encore que ces tests ne doivent pas être faits, qu'ils peuvent briser des familles, que l'ADN n'est pas ce qui définit la paternité, que c'est l'investissement paternel qui compte, etc., etc. : elle avait tellement insisté que j'en avais déduit qu'elle avait quelque chose à cacher. ↩
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Tout en finançant les intermédiaires : "Evoweb : Le vrai marché de la pauvreté" ↩
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Rappel : l'approche superorganisme indique que le sexe a aussi pour but la transmission des gènes de nos microbiotes : Evopsy : A quoi sert le sexe ? A transmettre les gènes du microbiome... ↩
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Idem pour les diamants : Lettre Neuromonaco 82: Femmes et Luxe (et diamants) ↩
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Le graphique est purement illustratif pour montrer la forme générale : aucune proportion n'y est respectée. ↩