Impossible de passer cette crise du COVID-19 sans être saturé de Nietzsche : "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". C'est LA phrase de la résilience, celle qu'il faut dire pour montrer que non seulement on a supporté la crise mais qu'en plus on est resté tout à fait conforme (techniques du Robinet d'eau tiède et de la Rebellitude).
Et patatra, cette phrase est à classer avec celles sur les dinosaures qui auraient disparu par manque de capacité d'adaptation et de nombreuses autres qui ne font pas que prouver sa conformité mais affichent surtout son manque de culture.
Fernandez et al., 2020 ont en effet trouvé que le fait d'avoir déjà connu un stress majeur augmente les risques de développer un trouble de stress post-traumatique (PTSD) ou un trouble dépressif majeur (MMD), augmentation croissante avec chaque stress vécu.
Traduction de l'abstract
Contexte
Selon l'hypothèse de l'inoculation de stress, le fait de réussir à naviguer dans les facteurs de stress de la vie peut améliorer la capacité d'une personne à faire face aux facteurs de stress ultérieurs, augmentant ainsi la résilience psychiatrique.Objectifs
Parmi les personnes sans antécédents de stress post-traumatique (PTSD) et/ou de trouble dépressif majeur (MDD), déterminer si l'histoire d'un événement stressant de la vie a protégé les participants contre le développement du PTSD et/ou du MDD après une catastrophe naturelle.Méthode
Les analyses ont utilisé les données d'une étude de cohorte prospective à plusieurs vagues sur les adultes chiliens qui ont participé aux soins primaires (années 2003-2011 ; n = 1160). Au départ, les participants ont rempli le Composite International Diagnostic Interview (CIDI), un instrument de diagnostic psychiatrique complet, et la Liste des Expériences Menaçantes, un questionnaire en 12 points qui mesure les principaux événements stressants de la vie. Au cours de l'étude (2010), le sixième tremblement de terre le plus puissant jamais enregistré a frappé le Chili. Un an plus tard (2011), le CIDI a été réadministré pour évaluer le PTSD et/ou le MMD post-catastrophe.Résultats
Les régressions logistiques structurelles marginales ont indiqué que pour chaque unité d'augmentation du nombre de facteurs de stress pré-catastrophe, la probabilité de développer un PTSD ou un MMD post-catastrophe augmentait (RC = 1,21, IC 95% 1,08-1,37, et RC = 1,16, IC 95% 1,06-1,27 respectivement). En classant les facteurs de stress antérieurs à la catastrophe, les personnes ayant quatre facteurs de stress ou plus (par rapport à celles qui n'en ont pas) avaient plus de chances de développer un PTSD après la catastrophe (RC = 2,77, 95 % IC 1,52-5,04), et une relation dose-réponse entre les facteurs de stress antérieurs à la catastrophe et le trouble de stress post-catastrophe a été constatée.Conclusions
Contrairement à l'hypothèse de l'inoculation de stress, les résultats ont indiqué que le fait d'être soumis à de multiples facteurs de stress augmentait la vulnérabilité au développement du PTSD et/ou du MMD après une catastrophe naturelle. Il est essentiel de mieux connaître les variations individuelles de ces troubles pour pouvoir intervenir de manière ciblée sur la santé mentale après une catastrophe naturelle, en particulier dans les populations insuffisamment étudiées.
Références
Fernandez, C. A., Choi, K. W., Marshall, B. D. L., Vicente, B., Saldivia, S., Kohn, R., … Buka, S. L. (2020). Assessing the relationship between psychosocial stressors and psychiatric resilience among Chilean disaster survivors. The British Journal of Psychiatry, 1–8 doi:10.1192/bjp.2020.88
Liens
COVID-19 : quelle est la validité des tests ?. Philippe Gouillou. Evopsy. 22 mai 2020
Lettres Neuromonaco :
- 10 : Pourquoi il faut être un robinet d'eau tiède. Philippe Gouillou. Neuromonaco.
- 14 : S'adapter ou mourir ?. Philippe Gouillou. Neuromonaco.
- 24 : Le Marketing du Moi, Moi et Moi. Philippe Gouillou. Neuromonaco.
Image : Reconstruction d'un Afrovenator abakensis par Mariana Ruiz Villarreal LadyofHats. Public Domain
Historique des modifications
Date | Historique |
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20 juin 2020 | 1ère Mise en ligne |
Notes
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Traduction depuis :
Background
According to the stress inoculation hypothesis, successfully navigating life stressors may improve one's ability to cope with subsequent stressors, thereby increasing psychiatric resilience.
Aims
Among individuals with no baseline history of post-traumatic stress disorder (PTSD) and/or major depressive disorder (MDD), to determine whether a history of a stressful life event protected participants against the development of PTSD and/or MDD after a natural disaster.
Method
Analyses utilised data from a multiwave, prospective cohort study of adult Chilean primary care attendees (years 2003–2011; n = 1160). At baseline, participants completed the Composite International Diagnostic Interview (CIDI), a comprehensive psychiatric diagnostic instrument, and the List of Threatening Experiences, a 12-item questionnaire that measures major stressful life events. During the study (2010), the sixth most powerful earthquake on record struck Chile. One year later (2011), the CIDI was re-administered to assess post-disaster PTSD and/or MDD.
Results
Marginal structural logistic regressions indicated that for every one-unit increase in the number of pre-disaster stressors, the odds of developing post-disaster PTSD or MDD increased (OR = 1.21, 95% CI 1.08–1.37, and OR = 1.16, 95% CI 1.06–1.27 respectively). When categorising pre-disaster stressors, individuals with four or more stressors (compared with no stressors) had higher odds of developing post-disaster PTSD (OR = 2.77, 95% CI 1.52–5.04), and a dose–response relationship between pre-disaster stressors and post-disaster MDD was found.
Conclusions
In contrast to the stress inoculation hypothesis, results indicated that experiencing multiple stressors increased the vulnerability to developing PTSD and/or MDD after a natural disaster. Increased knowledge regarding the individual variations of these disorders is essential to inform targeted mental health interventions after a natural disaster, especially in under-studied populations.
Fernandez et al., 2020