Synthèse
Fisher et al., 2022 ont comparé les génomes de 65 individus de l'âge du bronze et de l'âge du fer en provenance de six régions de la France actuelle : Alsace (n = 20), Champagne (n = 5), Normandie (n = 3), Nord (n = 10), Sud (n = 18), Bassin Parisien (n = 9).
Comme le notent les auteurs l'échantillon n'est pas représentatif, mais il est quand même intéressant de noter que :
- Il n'y a pas de discontinuité génétique entre les deux périodes
- "Les individus de l'âge du fer français se situent dans la variabilité génomique de la population française actuelle"
ce qui va en faveur de l'hypothèse que les grandes transitions n'ont pas été le fait de migrations ou que celles-ci n'ont pas laissé d'impact génétique... ce qui dans les deux cas s'oppose frontalement au discours médiatique.
Extraits traduits :
Dans l'ensemble, les résultats compilés renforcent l'hypothèse archéologique qui explique la transition de l'âge du bronze à l'âge du fer par une crise politique et économique combinée à des changements sociaux plutôt que par des migrations ou des mouvements de population importants pour le territoire de la France actuelle.
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Globalement, les résultats proposés renforcent l'idée que les "Celtes" sont issus de populations locales de l'âge du bronze qui ont évolué progressivement entre des groupes régionaux partageant certains traits culturels communs et liés par un réseau d'échanges culturels et biologiques."
Fisher et al., 2022
Commentaires
Cette étude complète celles (déjà présentées en 2004 à Les invasions celtes : un fiasco génétique ?) de Hill et al. (2000) et McEvoy et al., 2004 qui avaient trouvé que les invasions celtes n'avaient pas laissé de fort impact génétique en Irlande et Ecosse.
Traduction de l'abstract
La période de l'âge du fer occupe une place importante dans l'histoire de France car les Gaulois sont régulièrement présentés comme les ancêtres directs de la population française actuelle. Nous avons documenté ici la diversité génomique des communautés de l'âge du fer originaires de six régions françaises. Les 49 génomes acquis nous ont permis de mettre en évidence une absence de discontinuité entre les groupes de l'âge du bronze et de l'âge du fer en France, ce qui plaide en faveur d'une transition culturelle liée à des changements économiques locaux progressifs plutôt qu'à un afflux massif de groupes allochtones. Les analyses génomiques ont révélé une forte homogénéité génétique entre les groupes régionaux associés à des cultures archéologiques distinctes. Cette homogénéisation génomique semble être liée à la mobilité des individus entre les régions et au flux génétique avec les groupes voisins d'Angleterre et d'Espagne. Ainsi, les résultats soutiennent globalement un héritage génomique commun pour la population de l'âge du fer de la France actuelle qui pourrait être lié à un flux génique récurrent entre des communautés culturellement différenciées.
Fisher et al., 20221
Références
Fischer, C.-E., Pemonge, M.-H., Ducoussau, I., Arzelier, A., Rivollat, M., Santos, F.,... Pruvost, M. (2022). Origin and mobility of Iron Age Gaulish groups in present-day France revealed through archaeogenomics. IScience, 25(4), 104094 doi:10.1016/j.isci.2022.104094
Hill, E. W., Jobling, M. A., & Bradley, D. G. (2000). Y-chromosome variation and Irish origins. Nature, 404(6776), 351–352 doi:10.1038/35006158
McEvoy, B., Richards, M., Forster, P., & Bradley, D. G. (2004). The Longue Durée of Genetic Ancestry: Multiple Genetic Marker Systems and Celtic Origins on the Atlantic Facade of Europe. The American Journal of Human Genetics, 75(4), 693–702 doi:10.1086/424697
Liens
- Les invasions celtes : un fiasco génétique ?. Philippe Gouillou. Evopsy. 18 Septembre 2004
Historique des modifications
Date | Historique |
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06 avril 2022 | Correction orthographe |
03 avril 2022 | 1ère Mise en ligne |
Notes
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Traduction depuis :
The Iron Age period occupies an important place in French history because the Gauls are regularly presented as the direct ancestors of the extant French population. We documented here the genomic diversity of Iron Age communities originating from six French regions. The 49 acquired genomes permitted us to highlight an absence of discontinuity between Bronze Age and Iron Age groups in France, lending support to a cultural transition linked to progressive local economic changes rather than to a massive influx of allochthone groups. Genomic analyses revealed strong genetic homogeneity among the regional groups associated with distinct archaeological cultures. This genomic homogenization appears to be linked to individuals’ mobility between regions and gene flow with neighbouring groups from England and Spain. Thus, the results globally support a common genomic legacy for the Iron Age population of modern-day France that could be linked to recurrent gene flow between culturally differentiated communities.
Fisher et al., 2022