Les écureuils ont des testicules d'une taille remarquable (voir photo : non truquée), ce qui montre qu'ils s'engagent dans une guerre du sperme au moins quantitative, or il apparaît qu'ils se masturbent. Comment expliquer qu'ils gaspillent ainsi du sperme alors qu'ils en auront tant besoin pour avoir une chance de transmettre leurs gènes ?
Sur son blog Not Exactly Rocket Science [1], l'impressionnant Ed Yong présente les résultats d'une étude de terrain par JM Waterman (voir Références).
Il y a globalement deux types d'explications pour la masturbation :
- La frustration sexuelle : se masturberait celui qui est poussé aux relations sexuelles par ses hormones mais n'aurait pas de partenaire(s) avec qui les satisfaire ;
- Le remplacement du stock : la masturbation en éjectant les vieux spermatozoïdes laisserait de la place pour des plus jeunes, plus actifs, en meilleure forme, etc. C'est l'hypothèse défendue chez l'humain par Robin Baker (“Sperm War” : “La guerre du sperme”).
Or Waterman a trouvé que ces explications ne collent absolument pas avec ce qu'elle a pu observer chez les écureuils :
- Ce sont les mâles les plus dominants, qui ont le plus accès aux femelles, qui se masturbent le plus : l'hypothèse de la frustration est rejetée ;
- Les mâles se masturbent après les relations sexuelles, pas avant : il ne peut s'agir d'une action sur la qualité moyenne du sperme destiné à féconder la femelle.
Elle propose donc une troisième hypothèse : la masturbation servirait à nettoyer les conduits génitaux pour lutter contre les risques d'infection pendant l'acte sexuel. En d'autres termes, les écureuils se masturberaient par hygiène.
Notes
Références
Waterman JM (2010) The Adaptive Function of Masturbation in a Promiscuous African Ground Squirrel. PLoS ONE 5(9): e13060. doi:[10.1371/journal.pone.0013060](http://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0013060)