Les 2 Lisa : Vaillancourt & Sharma (2011)
Les deux Lisa : la conservatrice et la sexy. « C'est incroyable comment les femmes deviennent bitchy, méchantes, comment elles peuvent parler de cette femme», affirme la professeure et chercheure aux départements d'Éducation et de Psychologie de l'Université d'Ottawa, Tracy Vaillancourt.
Pr Tracy Vaillancourt a donné rendez-vous à deux femmes et les a fait attendre dans une pièce. Au bout d'un moment, Lisa (en photo) habillée soit de manière classique soit de manière très sexy, venait les prévenir qu'elle allait arriver bientôt, les invitait à s'asseoir et fermait la porte. La suite était filmée : sur les 40 femmes testées, seules deux n'ont pas massacré la “sexy Lisa”…
L'étude de Vaillancourt & Sharma (2011) est résumée dans LeDroit du 23 novembre 2011 avec comme titre : “Une attitude agressive envers une rivale sexy”. La photo ci-dessus en est extraite… ainsi que le commentaire du Pr Vaillancourt, qui précise bien que : “[Ses] groupes d'âge représentent toutes les femmes au Canada.”
Cette étude ne surprendra pas grand monde, mais Tracy Vaillancourt sera probablement considérée comme une traîtresse par nombre de féministes1 !
Les risques d'agression : Krems et al., 2019
Krems, Rankin, & Northover (2019) ont montré que les femmes sont conscientes de l'effet décrit par Vaillancourt & Sharma (2011), et qu'en conséquence elles adoptent leur comportement vestimentaire en fonction des risques d'agression, surtout les plus belles :
Elles ont trouvé que les femmes s'habillent moins sexy ("plus modestement") quand elles doivent rencontrer des femmes qu'elles ne connaissent pas (risque d'agression plus élevé), et quand aucun homme n'est présent.
L'adaptation vestimentaire (modeste vs. sexy) des femmes est donc bien influencée par les différences de risque d'agression des autres femmes selon leurs caractéristiques personnelles (la beauté augmente le risque d'agression) et les circonstances (contexte et présence ou non d'hommes).
Remarque : Pour Krems et al. (2019), la découverte que les femmes sont conscientes des risques d'agression intra-sexuelle en fonction de leur habillement et agissent en fonction "peut permettre de nouvelles prédictions sur la cognition et le comportement des femmes"2...
Références
Krems, J. A., Rankin, A. M., & Northover, S. B. (2019). Women’s Strategic Defenses Against Same-Sex Aggression: Evidence From Sartorial Behavior. Social Psychological and Personality Science. doi:10.1177/1948550619882028
Vaillancourt, T., & Sharma, A. (2011). Intolerance of sexy peers: intrasexual competition among women. Aggressive behavior, 37(6), 569-77. doi:10.1002/ab.20413
Traduction des Abstracts
Vaillancourt, T., & Sharma, A. (2011)
"La compétition intrasexuelle entre mâles de différentes espèces, y compris les humains, est bien documentée. Parmi les femmes on en connaît beaucoup moins. Des études non expérimentales récentes ont suggéré que les femmes sont intolérantes envers les femmes attirantes et utilisent les agressions indirectes pour dénigrer les rivales potentielles. Dans l'étude 1, un design expérimental a été utilisé pour tester l'hypothèse basée sur l'évolutionnisme que les femmes seraient intolérantes envers les femmes sexy et censureraient celles qui semble rendre le sexe accessible. Les résultats apportent un fort support empirique pour la compétition intrasexuelle entre femmes. En utilisant des juges indépendants, hors condition, nous avons trouvé que presque toutes les femmes ont été notées comme réagissant négativement (“bitchy”) face une une autre femme attirante quand celle-ci était habillée de manière sexuellement provocante. Par contraste, quand elle était habillée de manière conservative cette même femme n'était que rarement remarquée par les participants. Dans l'étude 2, un design expérimental a été utilisé pour déterminer si la femme sexy de l'étude 1 était vue comme une rivale sexuelle par les femmes. Les résultats indiquent que, conformément à l'hypothèse, les femmes ne voulaient pas la présenter à leur compagnon, l'autoriser à passer du temps avec elle, ou être ami avec elles. Les résultats des deux études sont discutés en terme évolutionnaires."3
Krems et al., 2019
"La compétition intrasexuelle des femmes n'a reçu une attention significative qu'au cours des dernières décennies, avec encore moins de travail d'investigation sur les défenses des femmes contre de telles agressions. Pourtant, nous devrions nous attendre à ce que les femmes puissent (a) saisir quels indices perceptuellement saillants évoquent l'agression entre personnes de même sexe et (b) atténuer stratégiquement l'affichage de (certains de) ces indices lorsque le risque d'agression est le plus élevé, évitant ainsi les coûts potentiellement élevés de la victimisation. Les femmes agressent de façon sélective les femmes qui présentent des indices de permissivité sexuelle (p. ex., une tenue vestimentaire révélatrice) et/ou de désirabilité (p. ex., l'attrait physique). Nous constatons que a) les femmes (et les hommes) s'attendent à une plus grande agressivité intrasexuelle envers les femmes habillées de façon révélatrice par rapport à celles qui sont vêtues de façon modeste, surtout si les cibles sont attrayantes. En utilisant des mesures comportementales et d'auto-évaluation, nous constatons également que (b) les femmes créent des tenues moins voyantes, choisissent des vêtements plus modestes et ont l'intention de s'habiller de façon moins révélatrice pour rencontrer d'autres femmes, en atténuant de façon souple les indices de permissivité en fonction des caractéristiques individuelles (attrait physique) et des caractéristiques situationnelles (être un nouveau venu) qui amplifient le risque d'agression."4
Notes
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Voir pp 117-119 de “Pourquoi les femmes des riches sont belles” ↩
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Krems et al. (2019), dernière phrase de l'article :
"More broadly, this work also suggests that attending to the often understudied opportunities and threats women afford one another can generate novel predictions about women’s cognition and behavior."
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Traduction depuis :
"Intrasexual competition among males of different species, including humans, is well documented. Among females, far less is known. Recent nonexperimental studies suggest that women are intolerant of attractive females and use indirect aggression to derogate potential rivals. In Study 1, an experimental design was used to test the evolutionary-based hypothesis that women would be intolerant of sexy women and would censure those who seem to make sex too readily available. Results provide strong empirical support for intrasexual competition among women. Using independent raters, blind to condition, we found that almost all women were rated as reacting negatively (“bitchy”) to an attractive female confederate when she was dressed in a sexually provocative manner. In contrast, when she was dressed conservatively, the same confederate was barely noticed by the participants. In Study 2, an experimental design was used to assess whether the sexy female confederate from Study 1 was viewed as a sexual rival by women. Results indicated that as hypothesized, women did not want to introduce her to their boyfriend, allow him to spend time alone with her, or be friends with her. Findings from both studies are discussed in terms of evolutionary theory."
Vaillancourt & Sharma (2011) -
Traduction depuis :
"Women’s intrasexual competition has received significant attention only in the last decades, with even less work investigating women’s defenses against such aggression. Yet, we should expect that women can (a) grasp which perceptually-salient cues evoke same-sex aggression and (b) strategically damp the display of (some of) those cues when aggression risk is greatest, thereby avoiding the potentially high costs of victimization. Women selectively aggress against women displaying cues of sexual permissiveness (e.g., revealing dress) and/or desirability (e.g., physical attractiveness). We find that (a) women (and men) anticipate greater intrasexual aggression toward women dressed revealingly versus modestly, especially if targets are attractive. Employing behavioral and self-report measures, we also find (b) women create outfits baring less skin, select more modest clothing, and intend to dress less revealingly to encounter other women, flexibly damping permissiveness cues depending on individual features (physical attractiveness) and situational features (being a newcomer) that amplify aggression risk."
Krems et al. (2019)