La réaction usuelle, habituelle, commune, quand je présente l'Evopsy à une femme est de rejet. Elle me dit que c'est faux, qu'en tant que femme elle elle le sait très bien, que ce n'est pas du tout comme ça. C'est surtout le sujet de la compétition sexuelle qui provoque les réactions les plus vives. Après beaucoup d'explications, de réexplications et de clarifications, j'ai finalement droit à un "Oui, c'est en effet vrai pour les autres femmes, je l'ai déjà remarqué, preuve que j'ai un esprit scientifique. Mais chez moi ce n'est pas du tout ça, parce que je suis unique." Le tout accompagné du regard hautain de la femme certaine de sa supériorité sur les autres femmes : elle elle n'est pas dans la compétition sexuelle.
Pourtant j'ai rencontré beaucoup d'autres femmes qui ont une réaction totalement autre, et, comme je l'avais signalé dans les premières pages de Pourquoi les femmes des riches sont belles, tout le champ de la Psychologie Évolutionniste est extrêmement féminisé. Pourquoi des réactions si opposées ? Tout ce que j'avais pu remarquer est que plus une femme était belle, avait du succès, connaissait une vie sexuelle épanouie, était sûre de son pouvoir, plus elle acceptait l'Evopsy. Mais pluriel d'anecdote n'est pas données d'analyse.
Cette hypothèse vient d'être testée, et l'étude non seulement confirme mon impression mais va plus loin : non seulement celles qui se sentent plus belles acceptent mieux l'Evopsy, mais un simple priming augmentant l'attractivité physique auto-perçue suffit à augmenter l'acceptation de principes de l'Evopsy.
L'étude a bien sûr ses limitations. Tout d'abord elle n'a portée que sur 84 étudiants, ce qui au-delà du faible nombre pose tous les problèmes des études occidento-centrées (voir Lettre Neuromonaco 33: Biais Cognitifs et WEIRD Societies). De plus, les testés n'étaient même pas représentatifs de la population du pays ("libéraux" est à comprendre comme au sens américain "de gauche", voir Base Eco 4 : Qu’est-ce que le Libéralisme ?) :
Bien sûr, sur la base des données démographiques rapportées, les participants à nos études n'étaient pas représentatifs de la population américaine dans son ensemble, étant plus jeunes, plus libéraux et issus d'une tranche de revenu familial plus élevée que le citoyen américain typique.
Ward, English, & Chin (2021)1
Enfin, comme noté par les auteurs, l'effet trouvé a été le même chez les deux sexes, alors qu'on aurait pu s'attendre à ce qu'il soit plus marqué chez les femmes, pour qui l'attractivité physique est plus importante sur le marché de l'accouplement.
Traduction de l'abstract
La psychologie évolutionniste est apparue comme une discipline controversée, notamment en ce qui concerne ses affirmations sur la base biologique des différences entre les sexes dans les préférences pour le partenaire sexuel. En nous appuyant sur les théories de l'inférence motivée, nous avons émis l'hypothèse que les personnes les plus susceptibles d'être privilégiées par des aspects spécifiques de la théorie seraient les plus susceptibles de soutenir cette dernière. En particulier, nous avons prédit que l'attrait physique serait positivement associé à l'approbation des prédictions de la psychologie évolutionniste concernant les stratégies d'accouplement. Deux études ont confirmé cette hypothèse. Dans l'étude 1, les participants évalués comme étant plus attrayants physiquement étaient plus susceptibles de soutenir des principes spécifiques de la psychologie évolutionniste. Dans l'étude 2, une manipulation visant à augmenter l'attractivité physique auto-perçue a augmenté l'approbation de ces mêmes principes. L'attractivité physique évaluée par l'observateur prédisait généralement mieux le soutien des individus aux principes théoriques que le sexe, l'orientation politique ou l'estime de soi. Les résultats suggèrent que les personnes les plus susceptibles de bénéficier de certaines prédictions de la psychologie évolutionniste sont également les plus susceptibles d'être favorables à ses principes pertinents.
Ward, English, & Chin (2021)2
Références
Ward, A., English, T., & Chin, M. (2021). Physical attractiveness predicts endorsement of specific evolutionary psychology principles. PloS One, (August 8), 6–13 doi:10.1371/journal.pone.0254725
Liens
Lettre Neuromonaco 2 : Manipuler sans se faire prendre : Priming et Subliminal. Philippe Gouillou. Neuromonaco. 14 novembre 2011
Lettre Neuromonaco 33 : Biais Cognitifs et WEIRD Societies. Philippe Gouillou. Neuromonaco. 12 juillet 2012
Base Eco 4 : Qu’est-ce que le Libéralisme ?. Philippe Gouillou. Monaco Business News 72. 27 octobre 2020
Image
Photo John Heilemann, avril 2018 : Brigitte Macron vs. Melania Trump...
Historique des modifications
Date | Historique |
---|---|
07 Août 2021 | 1ère Mise en ligne |
Notes
-
Traduction depuis :
Of course, based on reported demographic data, participants in our studies were not representative of the U.S. population as a whole, being younger, more liberal, and from a higher family income bracket than the typical U.S. citizen.
Ward, English, & Chin (2021) -
Traduction depuis :
Evolutionary psychology has emerged as a controversial discipline, particularly with regard to its claims concerning the biological basis of sex differences in human mate preferences. Drawing on theories of motivated inference, we hypothesized that those who are most likely to be privileged by specific aspects of the theory would be most likely to support the theory. In particular, we predicted that physical attractiveness would be positively associated with endorsement of predictions of evolutionary psychology concerning mating strategies. Two studies confirmed this hypothesis. In Study 1, participants rated as higher in physical attractiveness were more likely to support specific principles of evolutionary psychology. In Study 2, a manipulation designed to boost self-perceived physical attractiveness increased endorsement of those same principles. Observer-rated physical attractiveness generally predicted individuals’ support of the theoretical principles better than did gender, political orientation, or self-esteem. Results suggest that those most likely to benefit according to certain predictions of evolutionary psychology are also those most likely to be sympathetic toward its relevant principles.
Ward, English, & Chin (2021)