Comme expliqué sur Evoweb en 2016, il y a de moins en moins d'hommes "convenables" :
Jennifer Schaffer l'avait remarqué : la féminisation de l'enseignement supérieur réduit les chances des femmes. En effet, celles-ci, qui cherchent généralement un homme plus haut socialement qu'elles ("hypergamie"), en ont de moins en moins à disposition.
Evoweb (8 avril 2016)
Lichter et al. (2019) ont trouvé que le problème n'existe pas que pour les diplômées, et que la baisse du nombre de mariage est partiellement explicable par le déclin de la situation économique des hommes, qui n'intéressent plus les femmes :
"La plupart des Américaines espèrent se marier, mais les pénuries actuelles d'hommes épousables - des hommes ayant un emploi stable et un bon revenu - rendent cela de plus en plus difficile, en particulier dans l'économie actuelle des emplois de service peu rémunérés et instables", a déclaré l'auteur principal Daniel T. Lichter, PhD, de l'Université Cornell. "Le mariage est toujours fondé sur l'amour, mais c'est aussi fondamentalement une transaction économique. Beaucoup de jeunes hommes d'aujourd'hui n'ont pas grand-chose à apporter au contrat de mariage, d'autant plus que le niveau d'instruction des jeunes femmes dépasse en moyenne celui de leurs prétendants masculins."
Press Release1
Les auteurs ont utilisé des données sur les mariages entre 2007-2012 et 2013-2017 pour créer les profils économiques des hommes qui se sont mariés afin de les faire correspondre aux femmes célibataires. En d'autres termes : pour chaque catégorie de femme, ils ont construit l'homme type que les femmes de même catégorie ont épousé.
Ils ont ensuite comparé ces profils types aux données économiques des hommes réellement célibataires et trouvé que les premiers disposaient d'un revenu moyen supérieur de 58%, avaient 30% de plus de chances d'avoir un emploi, et 19% plus de chances d'être diplômés du supérieur. Ceux que les femmes cherchent étant déjà pris, elles n'ont plus qu'à baisser leurs ambitions...
Remarques
Le fait que les hommes qui se marient sont en moyenne globale plus riches que ceux restant célibataires est connu. Ce que cette étude apporte est de le montrer pour chaque catégorie socio-économique.
Cette étude a été réalisée avant la Présidence de Donald Trump, soit avant la remontée économique du pays. Il faudra voir quel impact aura celle-ci sur le taux de mariage.
Il y a bien sûr énormément d'autres facteurs qui interviennent dans le taux de mariage. Par exemple les femmes noires ne sont pas confrontées qu'au fort taux d'emprisonnement des hommes afro-américains mais aussi à toute la propagande cherchant à imposer le modèle homme noir avec femme blanche. Il faut aussi ajouter toutes les autres raisons du Sexodus.
Le développement des moyens de communication (TV puis Internet) a augmenté la compétition sexuelle : on n'est plus en compétition dans son village mais avec le monde entier. En conséquence, les femmes ont une perception de plus en plus précise des différences de richesse des hommes, elles auront donc peut-être du mal à accepter de baisser leurs ambitions...
Compléments
Mariage : Pourquoi les hommes biens sont déjà pris (1er Novembre 2010 - MàJ: 14 Janvier 2012) :
La Théorie des Jeux explique pourquoi des femmes de haut niveau n'arrivent pas à trouver des hommes leur correspondant.
Femmes : sociosexualité et stratégies sexuelles. Philippe Gouillou. Evopsy. 4 juin 2018
Muggleton & Fincher (2018) ont trouvé qu'en Inde comme aux USA les femmes suivent bien une double stratégie (court et long terme), et que plus elles montrent de sociosexualité, plus elles privilégient les critères génétiques (plutôt que matériels) dans leurs choix d'hommes pour des coups d'une nuit.
Pourquoi les femmes préfèrent les salauds ? Philippe Gouillou. Evopsy. 19 November 2013
Une nouvelle hypothèse a été proposée pour cette question qui obsède tant d'hommes : pourquoi les femmes préfèrent-elles les hommes qui correspondent le moins à ce qu'elles disent rechercher ?
Référence
Lichter, D. T., Price, J. P., & Swigert, J. M. (2019). Mismatches in the Marriage Market. Journal of Marriage and Family. doi:10.1111/jomf.12603
Traduction de l'abstract
Objectif
Cet article évalue si les femmes non mariées font actuellement face à des pénuries démographiques de partenaires épousables sur le marché du mariage aux États-Unis.Contexte général
L'une des explications de la baisse du nombre de mariages est la pénurie présumée de partenaires économiquement attrayants pour les femmes célibataires qui veulent se marier. Les études antérieures ont donné des résultats mitigés, mais elles sont généralement axées étroitement sur les déséquilibres du sex-ratio plutôt que sur les pénuries de caractéristiques socioéconomiques multiples qui classent généralement les femmes et les hommes dans les mariages.Méthodes
Cette étude identifie les mariages récents de 2008 à 2012 et de 2013 à 2017 dans les fichiers cumulatifs de 5 ans de l'American Community Survey. Les méthodes d'imputation des données fournissent des estimations des caractéristiques sociodémographiques des conjoints potentiels (ou synthétiques) des femmes non mariées qui ressemblent aux maris de femmes mariées autrement comparables. Ces estimations sont comparées à la répartition réelle des hommes non mariés aux niveaux national, étatique et local pour identifier les déséquilibres du marché du mariage.Résultats
Ces maris synthétiques ont un revenu moyen supérieur d'environ 58 % à celui des hommes célibataires qui sont actuellement à la disposition des femmes non mariées. Ils sont également 30 % plus susceptibles d'avoir un emploi (90 % contre 70 %) et 19 % plus susceptibles d'avoir un diplôme du supérieur (30 % contre 25 %). Les minorités raciales et ethniques, en particulier les femmes noires, sont confrontées à de graves pénuries de partenaires conjugaux potentiels, de même que les femmes célibataires de faible statut socioéconomique et de statut socioéconomique élevé, tant au niveau national que sous-national.Conclusions
Cette étude révèle d'importants déficits dans l'offre de conjoints masculins potentiels. L'une des implications est que le célibataire peut rester célibataire ou épouser des partenaires moins bien adaptés.
Liens
Des femmes, des putes et des sexbots. Gouillou, Philippe. Evoweb. 8 avril 2016
Press Release : Do Unmarried Women Face Shortages of Partners in the U.S. Marriage Market?. Wiley. Thursday, September 5, 2019 12:01 am EDT
Mariage : Pourquoi les hommes biens sont déjà pris. Philippe Gouillou. Evopsy. 1 Novembre 2010 - MàJ: 14 Janvier 2012
Historique
Historique des modifications
Date | Historique |
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8 sept 2019 | Création section Compléments et ajout de deux liens vers articles Evopsy |
7 sept 2019 | Ajout 1ère note à Remarques - Orthographe |
6 sept 2019 | 1ère Mise en ligne |
Notes
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Traduction depuis :
"“Most American women hope to marry but current shortages of marriageable men—men with a stable job and a good income—make this increasingly difficult, especially in the current gig economy of unstable low-paying service jobs,” said lead author Daniel T. Lichter, PhD, of Cornell University. “Marriage is still based on love, but it also is fundamentally an economic transaction. Many young men today have little to bring to the marriage bargain, especially as young women’s educational levels on average now exceed their male suitors.”"
Press Release -
Traduction depuis :
Objective
This article provides an assessment of whether unmarried women currently face demographic shortages of marital partners in the U.S. marriage market.
Background
One explanation for the declines in marriage is the putative shortage of economically attractive partners for unmarried women to marry. Previous studies provide mixed results but are usually focused narrowly on sex ratio imbalances rather than identifying shortages on the multiple socioeconomic characteristics that typically sort women and men into marriages.
Methods
This study identifies recent marriages from the 2008 to 2012 and 2013 to 2017 cumulative 5‐year files of the American Community Survey. Data imputation methods provide estimates of the sociodemographic characteristics of unmarried women's potential (or synthetic) spouses who resemble the husbands of otherwise comparable married women. These estimates are compared with the actual distribution of unmarried men at the national, state, and local area levels to identify marriage market imbalances.
Results
These synthetic husbands have an average income that is about 58% higher than the actual unmarried men that are currently available to unmarried women. They also are 30% more likely to be employed (90% vs. 70%) and 19% more likely to have a college degree (30% vs. 25%). Racial and ethnic minorities, especially Black women, face serious shortages of potential marital partners, as do low socioeconomic status and high socioeconomic status unmarried women, both at the national and subnational levels.
Conclusions
This study reveals large deficits in the supply of potential male spouses. One implication is that the unmarried may remain unmarried or marry less well‐suited partners.
Litcher et al., 2019